Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/65

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qu’elle croit devoir l’attrister : « Ma mère, répond simplement Daniel, je suis heureux et fier d’être Juif. »

Mordecaï complète son initiation, il énumère à Daniel les services qu’il peut rendre aux siens, l’action qu’il peut exercer, il lui démontre qu’il est nécessaire de rétablir la nationalité d’Israël. Vous ne devineriez jamais pourquoi ? « Pour servir de modèle à l’Europe affranchie. Deronda a compris, il a trouvé selon son expression « sa direction sociale. » Il part pour l’Orient où tout le Sémitisme s’agite en ce moment. Il aura vu probablement Gambetta avant sa mort, il aura causé avec les banquiers juifs et les politiques juifs influents et leur aura dit : « Voyons, vieux frères, tâchez donc de faire tuer sur les rives lointaines quelques milliers de ces imbéciles de Français, cela fera du bien à Israël, à l’Angleterre… et à votre bourse. »

On comprend l’enthousiasme qu’inspirait à Alexandre Weill cette œuvre si, puissante et qui touche à tant de choses. Nul romancier en France ne serait de taille à écrire un livre de cette profondeur. Tout le Judaïsme moderne est là avec son interlopie, ses mœurs cabotines représentées par l’Alcharisi, sa conspiration permanente, sa propagande socialiste personnifiée dans Mordecaï et, dominant tout, la foi ardente dans la mission de la race.

Ainsi d’un bout à l’autre de l’univers, en Amérique comme en Abyssinie, Israël envoie des émissaires pour découvrir les débris des tribus perdues parmi lesquelles Gad et Ioaddé ont complètement disparu, tandis que d’autres ne sont représentées que par des membres peu nombreux. On les cherche avec une impatience qui se comprend, car tant qu’elles seront égarées la famille sera incomplète et on ne peut songer à rebâtir le Temple malgré toute la bonne volonté des Francs-Maçons.