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Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/64

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autres. Dans ceux mêmes qui ont abandonné le Judaïsme depuis deux ou trois générations, le Juif sait retrouver les siens, il démêle à des signes certains si une goutte de sang juif coule dans leurs veines, parfois même, — ce qui est très bien, — il épargne un ennemi parce qu’il a reconnu que c’était un frère qui avait perdu sa route.

Dans Daniel Deronda[1], cette merveilleuse étude de l’hébraïsme pour laquelle le Juif Lewes avait fait lire à sa compagne, Georges Elliot, le plus grand romancier de l’Angleterre après Dickens, deux ou trois cents volumes d’histoire, ce point est admirablement mis en lumière.

Daniel Deronda est un véritable héros de roman, un patricien beau, jeune, intelligent, éloquent qui ne se doute assurément pas qu’il est de la famille de Jacob, l’attraction de la race le pousse à s’éprendre d’une Juive. Alors intervient Mordecaï un de ces illuminés, un de ces sectaires qui mènent le monde à l’heure actuelle au profit de la cause sémitique. Il a reconnu le coréligionnaire sous le gentleman, il soulève devant lui un coin du voile qui cache cette politique du siècle incompréhensible pour les superficiels et les naïfs.

Daniel ne tarde pas à connaître toute la vérité. Il est le fils d’une cantatrice célèbre, l’Alcharisi a prié un de ses amants, lord Mallinger, d’adopter son fils et de l’élever comme un futur pair d’Angleterre. Tandis que l’enfant grandit, la comédienne poursuit le cours de ses succès, elle épouse un prince allemand, et quand Daniel a l’âge d’homme, elle se décide à lui révéler cette vérité

  1. Deux volumes, chez Calmann-Lévy.