Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tables, de ducs et pairs, de grands et fiers seigneurs, je songeais au Dux que Cladel écrivit sur le conseil de Baudelaire. Ce n’est pas le premier venu que ce romancier au style tourmenté. Les autres ne se préoccupent jamais de chercher d’où vient le personnage qu’ils mettent en scène ; c’est un passant quelconque qui arrive on ne sait d’où. Cladel, au contraire, reconstitue avant tout l’origine de ses héros, il connaît qu’un Celte, un Germain, un Gallo-romain ne se ressemblent nullement, il sait la force de cette tradition qui s’incarnera peut-être dans un homme de vrai tempérament français, qui sauvera la Patrie, parce qu’il ne daignera même pas prendre la peine de discuter toutes les turlutaines déclamatoires mises en circulation par la presse franc-maçonne et juive.

Dux est le plus affreux cocher qui ait jamais promené à travers les rues de Paris, sous la neige et sous la pluie, une santé de fer, une soif inextinguible et une insolence qui n’a point de pareille ; il a l’horreur du bourgeois, il le devine d’instinct, il le couvre de ses épithètes injurieuses, il le déshonore par la familiarité de son tutoiement. Arrogant, solitaire, il va ainsi par la ville, et l’observateur, dans cet automédon, moins poli que ses chevaux, reconnaît un descendant des seigneurs à bec d’aigle de jadis, le type dégénéré du féodal.

Si on lui eût donné le choix, qui sait si Dux n’aurait pas aimé mieux vivre libre parmi les cochers que de meubler les salons de Rothschild ?

Pour une partie de la noblesse, la maison de Rothschild joue le rôle que jouait autrefois la maison de France. C’est une bizarre et curieuse destinée que celle de cette famille à laquelle nous consacrerons plus tard une étude spéciale, et qui est si intimement liée à l’histoire de ce siècle. Nous ne