Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/101

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voulons en prendre aujourd’hui que le côté qui touche à la vie mondaine. Là encore les Rothschild ont eu à lutter longtemps. Il y a quarante ans, l’aristocratie bondissait d’indignation à la seule pensée de voir les Juifs se mêler à elle.

Nous avons rappelé le fi donc ! éloquent et laconique de la duchesse d’Angoulême ; il fallut mettre toute la diplomatie européenne en mouvement pour obtenir que les Rothschild fussent admis, non au cercle de la Cour — tous les chambellans auraient rendu leurs clefs à une telle proposition — mais fussent autorisés à se présenter aux Tuileries les jours de grandes cohues officielles. Trois fois l’huissier, suffoqué d’une telle audace, les mit à la porte, trois fois ils se représentèrent avec un sourire engageant.

Les auteurs d’un spirituel opuscule, paru en 1826 : Biographie des dames de la Cour et du faubourg Saint-Germain, ont raconté tout au long cet épisode de l’histoire intime de la Restauration. Leur portrait de la baronne Esther-Rebecca de Rothschild figurerait, sans désavantage, à côté de certains croquis de Tallemant des Réaux.

L’un des modernes flambeaux de l’antique Sion : femme, fille et sœur d’honnêtes Israélites voués au culte du Veau d’or, elle crut pouvoir comme son mari traiter les rois d’égal a égal. Elle fit mettre ses chevaux à la voiture et ordonna qu’on la conduisit aux Tuileries. Mais là, cruel désappointement ! On refusa de la recevoir[1].

  1. L’an dernier, le duc d’Aumale ayant à dîner la duchesse d’Ayen et la baronne de Hirsch, mit la Juive à sa droite, et la duchesse à sa gauche. Lors des fêtes données a Chantilly, il plaçait, il est vrai, la grande duchesse Wladimir à sa droite et la baronne Gustave de Rothschild à sa gauche, mais en quittant la table, il offrait le bras à la baronne !
        Remarquez que la duchesse d’Ayen qui est, dit-on, une femme