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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/11

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Le Reinach de Gambetta a raconté, dans la Revue politique et littéraire, sa rencontre en Égypte avec Gordon, l’apôtre-soldat. Sans doute le héros chrétien flaira d’abord ce jeune Juif avec dédain, et se demanda, en l’apercevant dans ces parages, s’il allait mettre les cataractes du Nil en actions ; mais on se lie vite en voyage, et l’Anglais causa avec Reinach ; il ne lui cacha pas ce qu’il pensait de Disraeli et des autres gouvernants de son espèce qu’il appelait the mountebanks, les saltimbanques.

Le mot peint à merveille la classe d’hommes d’État, à laquelle appartiennent les Disraeli, les Gambetta, les Lasker, les Crémieux. La politique des Richelieu, des Colbert, des Bismarck est simple ; la politique des Juifs a toujours l’air d’une représentation foraine ; elle est à la fois romanesque et bassement, cupide. On y trouve invariablement un grand étalage de principes pompeux de liberté, d’égalité, de fraternité, un programme de progrès qui n’est jamais tenu et qui laisse bien vite voir l’affaire pécuniaire, un boniment d’émancipation et d’amélioration qui se traduit toujours par la persécution la plus intolérable et l’extorsion de sommes d’argent. Banquiers et banquistes marchent ensemble.

Parmi ces mountebanks Crémieux occupe cependant une place à part. Gambetta, avec sa faconde intarissable et ses allures de Mangin, ne fut guère qu’un personnage tout démonstratif chargé de faire la parade à la porte et d’exhiber des biceps en coton en battant la grosse caisse.