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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/12

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_____V’là la peau d’âne qui ronfle ;
Entrez, bonnes d’enfants et soldats !
Les hommes grêlés ne paieront pas.

Crémieux, lui, était dans la baraque, ou, pour mieux dire, derrière la toile. Il fut l’impressario véritable de la comédie contemporaine en France. On est trop disposé à ne voir en lui que le fantoche en robe de chambre jaune qui, assis près d’un feu flambant, apparaissait de temps en temps devant les régiments défilant sous son balcon à Tours et à Bordeaux, et s’écriait : « Braves soldats, allez vous faire tuer ! L’exercice est bon en ce temps-ci ; moi, je retourne me chauffer. » Les grelots du Polichinelle ont trop fait oublier Isaac Moïse, le dépositaire des sagesses d’Israël, digne de porter comme un ancien Cohene-Hagadol le miszenophet à voile blanc, le mehil frangé d’écarlate et orné de clochettes d’or et le khoschen enrichi de douze pierres fines sur lesquelles les noms des tribus étaient gravés.

Sous ce grotesque, il y eut un Nazi juif, un prince de la Juiverie qui exerça l’influence la plus profonde sur l’évolution du peuple prédestiné, et mena de front, comme un premier ministre, la politique extérieure et la politique intérieure. Il y eut un homme d’un dévouement admirable qui, laissant à Gambetta la jouissance matérielle du pouvoir, l’assouvissement des grossiers appétits, aux Rothschild la satisfaction des vanités sottes, accomplit son œuvre dans une demi-teinte discrète, comme un Joad qui agirait à demi caché dans les replis du voile du Temple.

Souverain grand maître du Rite écossais, Président de l’Alliance israélite universelle, chef important de la démocratie française, Crémieux incarna la révolution maçonnique en ce qu’elle eut de plus complet. Il a contribué, plus