Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/113

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pitalité humiliante, ont chez eux un petit vin qui n’est point mauvais, un vieil hôtel souvent où il y a des portraits de famille qui parlent des vertus d’autrefois, des livres où revit la jeunesse de nos anciens écrivains, une femme intelligente, des enfants auxquels ils pourraient raconter les batailles où furent leurs pères. Pourquoi quitter tout cela ? Mon Dieu, c’est toujours l’atavisme qui, malheureusement, on le sait, transmet plutôt des défauts que des qualités.

Aller chez Rothschild pour eux, c’est aller à la Cour. Le roi des Juifs, le Juif des rois n’est pas tout à fait Louis XIV, mais ils ont l’illusion d’être dans un palais.

La vie de Cour a été essentiellement parasitaire et cependant elle a ruiné ceux qui ont vécu dans cette atmosphère. Dans le commerce avec le Juif, le chrétien, qui a l’air d’être l’obligé, ne gagne rien. On payait aux parasites la robe de festin, la Trechedipna, nécessaire pour se présenter décemment à table ; les barons juifs acquittent sans doute de temps en temps quelques factures de couturières. Bleichroeder agit ainsi en Prusse, mais le comte Vasili, dans ses Souvenirs sur la société de Berlin, constate par quelles déshonorantes familiarités il fait payer le léger service qu’il rend. « Il sait obliger son semblable, dit-il, mais il éprouve un plaisir diabolique à faire sentir à un grand seigneur orgueilleux ou à une noble dame hautaine le poids de ses bienfaits. Il trouve une joie toute particulière à les humilier à l’aide d’une odieuse et grossière familiarité. Il tape sur l’épaule du jeune homme qui vient lui avouer une dette de jeu, baise les mains de la femme qui se trouve forcée de lui confier ses embarras et lui demande son aide pour payer sa couturière. »

Cet archi-millionnaire, presque aveugle, assombri par