Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/118

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l’incomparable clavecin de Marie-Antoinette, qu’on a le cœur serré de retrouver dans cette maison de Juifs.

Un petit réduit sombre attire l’attention. C’est l’oratoire : une pièce fort simple qui a pour tout ornement les rouleaux de la Thora et le chandelier à sept branches ; dans l’ombre, on aperçoit un piano et quelques chaises de paille.

Le salon de famille s’appelle aussi le salon des cuirs de Cordoue ; il doit son nom à de superbes tentures de cuir gaufré et repoussé qui représentent le Triomphe de Mardochée. Ces cuirs, parfaitement conservés, viennent des Flandres, ils avaient été apportés sans doute par quelque grand seigneur espagnol, peut-être même avaient-ils été fabriqués sur place, car des fabriques paraissent avoir existé quelque temps dans les Flandres, ils ont été acquis par les Rothschild pour une somme insignifiante. Ce sont de très curieux spécimens de ces cuirs dorés, de ces cardovanes, de ces guadamaciles dont Cervantès parle à plusieurs reprises dans ses œuvres[1]. On trouve là aussi, comme tapis de table, une tapisserie de la Savonnerie toute lamée d’argent et qui est du travail le plus intéressant et le plus précieux.

L’examen de quelques volumes, qu’on entrevoit dans un meuble d’ébène surmonté d’un dépliant cloisonné, déconcerte légèrement. « Quels sont les livres de main, les amis

  1. Entre autres, dans l’Entremes del Viejo Zeloso : « Monseigneur, dit Hortigosa, j’ai pris la hardiesse de venir supplier Votre Grâce de me faire une grande merci, charité, aumône et bonne œuvre en m’achetant ce guadameci, le travail est bon, le guadameci neuf. Voyez comme il a bel aspect, les peintures des tableaux paraissent vivantes. »
        Nous avons vu (livre II), le Juif Lopez faire un commerce actif de ces guadameciles.