Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/137

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ple de sa nature, Vachon n’osa pas révéler de suite sa qualité de journaliste. « Je connais les méridionaux, pensait-il, s’ils savent que j’appartiens à cette presse française, qui a tant fait pour eux, ils vont vouloir à toute force me couvrir de fleurs et me porter en triomphe, dissimulons ! »

Vachon, toujours dissimulant, n’en demanda pas moins à son guide ou était cette maison de Casamicciola qui portait en lettres d’or cette inscription : Maison de la Presse parisienne.

— Elle est sans doute dans la rue qui a reçu le même nom ?

— Quelle maison ? quelle rue ? Je ne comprends pas, fit le guide.

Tout finit par s’éclaircir et Vachon s’expliqua pourquoi la malheureuse ville était encore en ruines.

La partie centrale de la ville, écrit-il, est un monceau de décombres, de plâtras, de huit et dix mètres de hauteur, où il est imprudent de s’aventurer, tant les murs sont croulants. Tout est d’une désolation navrante. Dans la partie de Casamicciola qui longe la mer, des baraques basses et longues, d’un aspect désagréable, ont été construites et forment une cité nouvelle, qui ressemble aux cités de chiffonniers à Paris. Les habitants eux-mêmes n’ont guère l’air moins misérables que les victimes de M. Poubelle ; ils sont là dans chaque baraque huit ou dix personnes, qui vivent on ne sait trop de quoi, au milieu d’un mobilier sommaire, et couchent pour la plupart sur la terre nue[1].

Au mois de mars 1884 pas un sou n’avait été distribué de cet argent à propos duquel on avait fait tant de bruit. Le comité, qui avait accepté ce chiffre de 244.482 francs de dépenses d’organisation, n’avait pas eu l’idée, au lieu de

  1. France, 14 mars l884.