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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/146

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à la première vente importante où figurerait un Courbet, envoyer un mandataire du Louvre. Chacun sait que les collectionneurs français poussent rarement contre la direction des Musées et que les amateurs étrangers eux-mêmes s’abstiennent.

Proust préféra agir obliquement, sans prendre l’avis de la Chambre. Il chargea un Juif de ses amis, un nommé Henri Hecht, dont le frère porte le prénom idyllique, et printanier de Myrtil, d’acheter trois Courbet. Si l’économie l’eût guidé, le mal n’eût pas été grand, par malheur les chiffres prouvent que, si c’est à ce mobile qu’il a obéi, il a été bien déçu dans ses calculs. Comment Hecht fît-il son compte ? Je ne sais ; ce qui est certain, c’est qu’il paya les tableaux destinés à l’Etat un prix absolument invraisemblable :

La Ceinture de cuir 26.000 francs.
L’Homme blessé 11.000
La Sieste pendant la saison des foins. 29.100
Le Combat de cerfs. 41.900
L’Hallali du cerf. 33.000

Or, à part la Remise des chevreuils, qui est le chef-d’œuvre du maître, et qui atteignit 35.000 francs à la vente le Lepel Cointet, les tableaux de Courbet n’ont jamais été estimés aussi haut. Le Retour de la Conférence, la toile fameuse, a été payée à la vente de 1881, 15.000 francs, la Belle Hollandaise, 8.000 francs, les Amants à la campagne, 5.700. A la vente de 1832, la Baigneuse, une toile fort connue encore, a atteint péniblement 14.000 francs, le Mendiant, 9.000 francs, les Lutteurs, 5.800 francs. Les autres toiles ont oscillé entre 3.000 et 4.000 francs.

A la vente Monteaux, la Vague a été payée 1.800 francs.