Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/154

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à Batignolles ou à Malakoff par un pauvre ouvrier qui vous dit : « Le comte de X… a acheté la pareille cinquante mille francs au Juif M… Si je la lui avais offerte pour six mille il m’aurait flanqué à la porte. Quels imbéciles[1] ! »

Parmi ces brocanteurs juifs il en est qui éveillent presque l’admiration. A une certaine hauteur d’audace l’escroquerie touche au génie, elle apparaît comme une des manifestations de la supériorité intellectuelle d’une race

  1. Dans un article, sous forme de lettre, publié dans le Moniteur universel, M. Germain Bapst, sous le nom de M. Josse, a donné une spirituelle leçon à Antonin Proust, qui avait choisi, comme frontispice de la Revue des Arts décoratifs, un miroir qu’il s’imaginait dater de la Renaissance, et avoir appartenu à Louise de Vaudemont, et qui est absolument moderne. Jamais on n’a mis plus finement en relief l’ignorance de nos traitants, et aussi l’importance du rôle du parasite et de l’entremetteur, la souffrance de nos ouvriers qui, exploités par les Juifs, voient attribuer aux artistes du passé leurs plus belles créations.
        « Le miroir fameux n’est pas du seizième siècle — Il n’a jamais appartenu a une reine de France — c’est l’œuvre d’un brave et honnête ciseleur, nommé Legros, qui le fit vers 1863, en s’inspirant des dessins publiés par Reiber dans les premières années de l’Art pour tous. — Legros cherchait inutilement de l’ouvrage chez les orfèvres ou les bronziers de Paris ; il employa ses loisirs à ce travail et le céda pour 1.690 Francs à un marchand juif ; le chiffre est rigoureusement exact. Legros est le plus honnête homme du monde et ne peut être ici ni accusé, ni soupçonné d’avoir aidé au trafic du Juif ; il s’en fut en Angleterre avec cet argent, trouva du travail à Birmingham dans la maison Eikington, par où sont passés tant d’artistes français, et c’est de la qu’un autre artiste français, M. Wills, m’adressa Legros quand celui-ci revint en France, il j a trois ans au plus.
        « Legros sait l’histoire de son cadre, il n’en est pas plus vaniteux ; il sourit de la naïveté des amateurs qui payent cent mille francs l’œuvre, quand elle n’est pas signée, et n’en offriraient pas deux mille s’il y mettait son nom. Legros vit pauvrement et philosophiquement d’une maigre journée ; j’ai voulu prendre son avis avant de le nommer, et il m’a autorisé à vous dire ce que jusqu’ici il avait eu l’héroïque modestie de taire. »