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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/153

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Il y a dans ce livre des anecdotes exquises et des tours bien divertissants. Quoi de plus charmant que l’histoire que racontait le Juif Coblentz qui excellait à faire des miniatures et des grisailles genre Sauvage. Un jour, il envoie un tiers vendre chez un grand marchand une miniature qu’il avait faite lui-même. Le marchand l’achète immédiatement. Peu de temps après, seconde visite avec une seconde miniature dans le même goût que la première. Cette fois, l’acquéreur repoussa l’offre qui lui était faite, et fît même de sanglants reproches à l’intermédiaire pour lui avoir vendu une chose moderne. Celui-ci prétexta de son ignorance.

— « Tenez, dit-il, je vais vous montrer de vrais Sauvage, et il ouvrit une armoire remplie de grisailles. Elles ne sont pas signées, mais elles parlent d’elles-mêmes, celles-là, ajouta-t-il. »

Or c’étaient des miniatures de Coblentz, qui en rit encore.

Ici encore éclate le manque de toute initiative chez l’aristocratie. Autrefois les plus grands seigneurs encourageaient, fondaient eux-mêmes des fabriques artistiques ; les faïences d’Oiron, les manufactures de Rouen, l’école des Clerissy sont nées d’une généreuse et intelligente fantaisie. Au potier comme au peintre ou au sculpteur le patricien donnait son avis, apportait, en dehors du concours matériel l’observation utile et souvent très juste. Tout cela a disparu. Pas un grand seigneur n’a eu l’idée de commander à un peintre quelque tableau émouvant qui retraçât les scandales de ce temps, les violations de domicile, qui léguât à l’avenir le souvenir de ces hontes, en revanche, ils disputeront à coups de billets de banque quelque tableau culotté à l’aide de procédés spéciaux afin d’avoir l’air vieux, quelque crédence exécutée devant nous