Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/163

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Que devrait faire le gouvernement s’il n’obéissait pas à des mobiles inavouables ? Ou bien appliquer purement et simplement la loi qui défend les jeux de hasard, ou bien abolir la loi de 1837 et rétablir le jeu public. Le jeu public, comme la loterie, a d’exceptionnels avantages ; facile à surveiller, il offre des garanties de régularité qui n’existent pas dans les Cercles actuels.

Pourquoi le gouvernement ne prend-il pas ce parti ? Pourquoi se prive-t-il de ressources qui seraient si nécessaires à un budget que les dilapidations folles ont mis à sec ?

Nous en avons dit la raison. Les ministres octroient aux députés, qui ferment les yeux sur leurs actes, soit des autorisations d’ouvrir des Cercles, soit des concessions, des parts dans les fournitures militaires et les adjudications.

On n’a pas oublié la poursuite correctionnelle dont furent l’objet, au mois de juin 1883, les fondateurs du Cercle de la Concorde et du Parlement somptueusement installé an 242 de la rue de Rivoli et qui fit faillite après avoir dévoré 800.000 francs en quinze mois.

M. Alfred Leconte, député de l’Indre, déjà célèbre pour un permis de chemin de fer gratté dans une intention frauduleuse, et qui s’était associé pour l’exploitation de ce Cercle à l’un de ses collègues, reconnut devant le tribunal qu’il était logé et nourri gratuitement dans l’établissement ; il avoua également avoir reçu la moitié des six cents actions des fondateurs attribuées à M. Trapet. C’est à M. Leconte, en effet, ainsi que le prouva une lettre de M. Andrieux, que l’autorisation avait été accordée. M. Louchet lut, à ce sujet, des lettres de M. Leconte qui prouvent une absence absolue de tout sens moral.

Ce procès, d’ailleurs, est d’un bout à l’autre un des plus curieux documents sur les mœurs actuelles que l’on puisse