Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/168

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de leur chambre syndicale. Ils ont déployé sur ce point un génie véritablement charmant, sinon complètement inventif. Félix fait bien joli, Kahn, qui succéda à Mme Laferrière, ne faisait pas mal, mais Sarah Mayer qui a « conçu » les deux robes de Mlle Legault, dans les Rois en exil, a une imagination bien heureuse ; c’est à elle encore, nous apprend le Figaro, «  que Mlle Legault doit le succès de ses dernières créations dans les Affolés et le Prétexte. » A Mme Rodrigues cependant le pompon ! Elle ne coud pas les robes comme on avait coutume jadis, aux temps barbares elle les édite, du moins c’est le terme qu’employait mon aimable collaboratrice Etincelle, qui m’envoyait souvent des communications bien surprenantes dans cet ordre, lorsque je rédigeais avec elle dans un journal élégant, dum Athenæ florerent

Le Juif n’a pu se défendre de mêler à cela sa pointe de gros sel. Les joailliers avaient fait porter aux hommes des petits cochons, on a affublé les femmes du monde d’espèces de selles postérieures, qui les font ressembler à l’animal qu’on a appelé « le vaisseau du désert » et qui en serait plutôt le Polichinelle. On a placé les poches derrière le dos, ce qui donne à la plus gracieuse femme, cherchant son mouchoir, l’aspect malséant d’un dindon qui se gratte. Aucune de nos Parisiennes n’a rien compris à cette ironie. Le sentiment de l’élégance, de cette élégance faite de goût, de mesure, d’esprit, serait-on tenté de dire, est mort chez la femme française ; elle prend les modes telles que les font les damen confection de Vienne.

Je voudrais dépeindre ces modes, comme les Goncourt ont dépeint celles du Directoire, mais je suis fort embarrassé ; je me perds dans ces miroitements, ces scintillements, ces éblouissements… Quelle étoffe préférez-vous ?