Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ter à regret, ces atours qui leur font envie, aucune ne songe à causer avec ces petites ouvrières, si intéressantes parfois, ces jupières, ces corsagières, ces garnisseuses, ces manchières, à s’enquérir de ce qu’elles gagnent, de la façon dont elles vivent[1].

  1. L’œuvre des Cercles catholiques seule s’est préoccupée de cette question et le Contrôle hebdomadaire, qui signale tout ce qui se produit d’intéressant dans la question ouvrière, a reproduit, dans le n° du 8 juillet 1885, une lettre adressée au journal le Matin sur ce sujet. « Je puis vous citer, dit l’auteur de cette lettre, telle couturière de la rue de Rivoli qui a près de quarante femmes ou jeunes filles dans nos seule chambre aérée par une seule fenêtre. Les personnes les plus fortes et les mieux nourries ne tarderaient pas à tomber malades dans une pareille atmosphère. Combien plus vite encore s’étiolent, s’affaiblissent et souvent meurent, des enfants assez mal nourries en général, puisque celles qui n’apportent pas avec elles leur petit déjeuner sont obligées d’aller manger à la gargotte !
        En outre, et c’est sur ce point que j’appelle votre attention encore plus spécialement, on fait veiller ces jeunes filles et ces jeunes femmes jusqu’à neuf heures, dix heures, souvent minuit ! Alors ce n’est plus leur déjeuner, c’est leur dîner qu’elles prennent a la gargotte et comme souvent elles n’en ont pas les moyens, elles mangent un morceau de pain et dînent en rentrant chez elles. Or, comme elles demeurent loin de la maison où elles travaillent, toutes sans exception, elles mangent à onze heures du soir ou à minuit passé, et se couchent la-dessus, mortes de fatigue, digérant mal, et en peu d’années, pour ne bas dire en quelques mois, s’abîment complètement la santé. »
        L’auteur de cette lettre termine en disant :
        « Si nos conseillers socialistes s’occupaient un peu de leur affaire au lieu de débaptiser les rues et de faire de la politique, ils obtiendraient facilement une organisation comme celle qui régit les ateliers de femmes en Angleterre. »
        Le rédacteur chargé du Contrôle aurait dû ajouter : « Si les grandes dames qui affichent bruyamment des sentiments charitables, pour avoir l’occasion de s’habiller en Japonaises, avaient véritablement un cœur chrétien, elles auraient vite fait disparaître ces abus ; il leur suffirait de constituer un comité chargé de mettre en interdit les maisons, pour la plupart juives, où l’on exploite ainsi des créatures humaines. »