Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/203

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d’eux, ils décernent l’épithète d’ « éminent » ou de « sympathique, » comme s’il s’agissait d’une simple croix du Mérite agricole. Tel qui repousserait avec indignation une somme d’argent, ne résistera pas à un sourire de femme, à un mot gracieux, à l’insistance même d’un inconnu qui semble attacher un prix exceptionnel à ce qu’on dira de lui. L’esprit de parti, d’ailleurs, enlève presque au journaliste le droit d’avoir une opinion. Si les conservateurs ne se soutiennent qu’assez faiblement, tout ce qui vient d’un républicain est admirable pour les siens.

On n’agit plus même sur les journalistes par les dîners comme sous la Restauration. Les tableaux que les écrivains allemands ont tracé des mœurs littéraires sont des peintures retardataires qui n’ont aucun rapport avec la réalité présente. Ce n’est plus qu’à l’étranger, ou au fond des provinces les plus reculées, qu’on s’imagine encore que les journalistes passent leurs soirées dans les coulisses à boire du champagne avec les actrices. Des Cercles, protégés par la police et commandités par des Juifs, ont été fondés pour attirer les écrivains, les dépraver et leur enlever, par le jeu, leurs petites économies, mais ils ne sont guère fréquentés que par un monde spécial qui n’a aucun rapport avec le journalisme sérieux.

Seuls, les rédacteurs de journaux à informations, des journaux boulevardiers, comme on dit, sont, en quelque manière, obligés par la nature même de leur travail à un certain décousu dans l’existence. Les autres vivent avec une régularité parfaite, le plus à distance du centre qu’ils peuvent, ne se mêlant que d’assez loin à l’existence bruyante de Paris. La plupart sont mariés et fidèles ; beaucoup aussi, je dois le reconnaître, sont concubinaires ; ils ont rencontré une femme qui les aime, qui ne dérange point