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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/213

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disparut le 12 décembre 1882 ? Voilà ce qui est resté problématique. Citons tout d’abord le récit de la Lanterne, admirablement placée pour être bien informée, mais également intéressée aussi à dissimuler la vérité.

0n connaît les faits matériels du crime. Dans la matinée, une fenêtre s’ouvrait brusquement, au quatrième étage, et une jeune fille apparaissait, en poussant des cris désespérés ; puis elle disparut, violemment attirée en arrière, et la fenêtre se referma. Un instant après, on entendit le bruit d’une détonation. Des gardiens de la paix furent requis, et on ouvrit la porte de l’appartement en question.

Cet appartement était celui qu’habitait un courtier en diamants, H. Georges Rapaport. Il avait poignardé sa fille et s’était ensuite brûlé la cervelle.

Voilà les faits brutaux, dans leur simple et sanglante horreur.

Mais les causes du crime, aucun journal ne les a exactement connues. On a cru voir dans le meurtre l’acte désespéré d’un père lavant dans le sang le déshonneur de sa fille. Rien n’est moins irai. La vérité, la voici :

M. Georges Rapaport, natif de Pologne, courtier en diamants à Paris, avait épousé, en 1864, Mlle L. Davis. Deux enfants naquirent de ce mariage : une fille, — la victime d’hier, et un garçon, âgé de quinze ans aujourd’hui.

Mais la mésintelligence ne tarda pas à éclater entre les époux. Riche de vices et pauvre de sens moral, M. Rapaport voulait trouver dans sa femme une fortune, et ses tentatives pour trafiquer d’elle, pour la vendre à des amis riches forcèrent l’honnête femme d’abord à se réfugier dans sa famille, puis à demander et obtenir une séparation de corps, qui fut prononcée en 1876.

Le jugement décidait que les deux enfants, alors en pension, sortiraient tour à tour chez leur père et chez leur mère.

Cependant, la jeune fille grandissait, devenait belle. Le père indigne, comme il avait voulu vendre la beauté de sa femme, songeait à spéculer sur la beauté de sa fille. Il la poussait vers le théâtre et la fit entrer au Conservatoire dès sa sortie de pension, en 1880. Mlle Rapaport avait alors 16 ans.