Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/216

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prétend la Lanterne, elle eût été poignardée pendant son sommeil, on ne comprendrait pas qu’elle eût poussé, à la fenêtre, les cris qui, la Lanterne le reconnaît elle-même, ont donné l’éveil. D’ailleurs, au dire des voisins, Mlle Rappaport était habillée quand elle apparut une minute à la fenêtre, ce qui tendrait à démontrer qu’elle n’a pas été égorgée dans son lit. D’après la conviction générale, l’active intervention d’un magistrat juif aurait arrêté l’enquête au moment où elle allait aboutir. Ce qui est certain, c’est que l’autopsie vivement réclamée par tout le monde, ne fut pas faite ; un rabbin vint prendre le corps de Rappaport qui, victime ou coupable, s’en alla sans aucun cortège au cimetière israélite. Ce pendant de l’Affaire de la rue Morgue n’a pas encore trouvé d’Edgard Poë pour le raconter, ni de Dupin pour l’expliquer.

Imaginez un chrétien traînant après lui tous ces souvenirs, mêlé à tous ces drames, éclaboussé de tout ce sang, sa vie en sera toute assombrie ; il sera en proie à une insurmontable mélancolie, il s’efforcera de ne point se mettre en évidence. Le Juif est là-dedans comme un poisson dans l’eau, il frétille, il est heureux ; cette atmosphère de trouble perpétuel est son naturel élément ; il s’attaque de préférence aux institutions qui sembleraient devoir lui inspirer une crainte salutaire ; il appelle nos officiers « des cléricafards, des Pierrots d’église, des Polichinelles de sacristie[1]. »

En réalité, cet homme est très brave, ne vous y trompez pas, malgré son insurmontable aversion pour les jeux de l’épée. En un temps où l’on ne vit que par le cerveau, il a l’audace qu’il faut, la hardiesse du cerveau. Examinez bien

  1. Lanterne, numéros de mai 1883, passim.