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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/225

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Le présent livre est plein de promesses, de projets, j’y dis à chaque instant : « Plus tard, je ferais ceci, je ferais cela, » en ajoutant mentalement, ce qu’ajoutait toujours Victor Hugo quand il parlait de l’avenir : Deo volenle. Au risque de me répéter, il me faut écrire encore : « Plus tard, j’écrirai une brochure sur Marchal de Bussy. ». À coup sûr elle sera émouvante et piquante, elle fera pleurer, si le talent ne me manque pas, tous ceux qui ont une âme.

On a remis sur le tapis, à propos du prince de Polignac, la question des bâtards. Chez quel homme la fatalité de la bâtardise apparaît-elle plus tragique que chez ce fils de Philippe Dupin ? Quand il vint au monde, Dupuytren, l’ami de la famille, tira par morceaux la cervelle du pauvre enfant et, toute sa vie, il resta déséquilibré, incomplet. Une fée hostile semblait l’avoir maléficié dès sa naissance et avec les dons les plus rares, un esprit étourdissant, une distinction exquise quand il voulait, un cœur généreux, il finit misérablement une existence qui fut presque continuellement troublée.

Sans doute, dans cette existence agitée, il y eut des défaillances, quelque supérieur que Bussy ait été en tout à Albert Wolff, mais le grand malheur de l’infortuné est d’avoir appartenu de loin au parti conservateur, d’avoir écrit des livres contre les Juifs, une Vie de Judas notamment, qui a quelques pages très vibrantes, d’avoir pris la défense de l’Église. Pareils à ces soldats qui vont ramasser sous les balles le corps de leurs camarades, les révolutionnaires défendent le cadavre des leurs, quels qu’ils soient. Les conservateurs ne se contentent pas de ne pas défendre, ils piétinent et ils crachent sur ceux qui sont tombés.

On ne peut se figurer ce qu’est, dans de telles conditions, la lutte d’un homme isolé contre toute une nation. Voyez