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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/23

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Nemencha n’admettra que le fils du grand caïd Ganah ait pu tuer un Juif, le reconnaissant pour tel. Le dernier des bergers de la tribu aurait honte d’un pareil meurtre. Un brigand assassinera un Israélite isolé pour supprimer l’unique témoin de son crime. Mais dans l’attaque d’une caravane les Juifs n’ont qu’à se faire reconnaître pour que leur vie soit épargnée.

Nous ne saurions mieux faire, d’ailleurs, pour montrer quels étaient les intéressants protégés de Crémieux, que de reproduire le portrait plein de couleur et de mouvement, que M. de Maupassant, dans « Au soleil », a tracé du Juif arabe.

A Bou-Saada, on les voit accroupis en des tanières immondes, bouffis de graisse, sordides et guettant l’Arabe comme l’araignée guette la mouche. Ils l’appellent, essayent de lui prêter cent sous contre un billet qu’il signera. L’homme sent le danger, hésite, ne veut pas ; mais le désir de boire et d’autres désirs encore le tiraillent : cent sous représentent pour lui tant de jouissances ! Il cède enfin, prend la pièce d’argent et signe le papier graisseux. Au bout de six mois, il devra dix francs, vingt francs au bout d’un an, cent francs au bout de trois ans. Alors le Juif fait vendre sa terre, s’il en a une, ou, sinon, son chameau, son cheval, son bourricot, tout ce qu’il possède enfin.

Les chefs, caïds, aghas, ou bach’agas, tombent également dans les griffes de ces rapaces qui sont le fléau, la plaie saignante de notre colonie, le grand obstacle à la civilisation et au bienêtre de l’Arabe.

Quand une colonne française va razzier quelque tribu rebelle, une nuée de Juifs la suit, achetant à vil prix le butin revendu aux Arabes dès que le corps d’armée s’est éloigné. Si l’on saisit, par exemple, six mille moutons dans une contrée, que faire de ces bêtes ? Les conduire aux villes ? Elles mourraient en route, car comment les nourrir, les faire boire pendant les deux ou trois cents kilomètres de terre nue qu’on devra traverser ?

Et puis il faudrait, pour emmener et garder un pareil convoi, deux fois plus de troupes que n’en compte la colonne. Alors les