Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/235

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mais il y a les Lambert qui ne sont pas Juifs. Edmond Adam, en tout cas, était un des échantillons réussis du Juif homme politique et financier, du Juif juivant de Juiverie, émancipateur de peuple et gagneur de millions. Quand elle en parlait dans les feuilles juives, Mme Adam appelait volontiers son mari « le chevaleresque Edmond Adam, » En quoi était-il chevaleresque ? C’est encore un de ces problèmes que nous ne nous chargerons pas de résoudre.

Dans nos vieux chroniqueurs, comme dans Homère du reste, certaines épithètes une fois accolées à un nom ne la quittent plus ; elles servent à faire reconnaîttre et à peindre un personnage. Pour Villehardoin, Conte de Béthune est toujours Conon mult bien emparlez, Dandolo, le doge aveugle, est toujours le viel homme qui gotte ne veoit. Il en est ainsi dans certains milieux parisiens. De même qu’Anatole de la Forge est toujours « un galant homme, » même lorsqu’il approuve qu’on vole le pain d’un pauvre prêtre de 80 ans, Déroulède, est toujours « le patriotique Déroulède, » Delpit « notre sympathique confrère. » Adam était « le chevaleresque Adam. »

Mêlé aux affaires du Comptoir d’escompte, cet homme chevaleresque ne prouva guère sa chevalerie qu’en acquérant une fortune énorme, grâce à l’expédition du Mexique. Comment un républicain aussi pur pouvait-il tremper dans ce qu’on nommait « les hontes impériales ? » Il faudrait ne pas connaître le parti pour songer à s’en étonner. C’est pour engraisser les Juifs que nos soldats succombent sous la République, à la fièvre typhoïde en Tunisie ou au choléra au Tonkin ; sous l’Empire, ils succombaient au vomito negro au Mexique — voilà toute la différence. La masse est dressée a cela d’ailleurs. Un homme d’abnégation, un