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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/252

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Ce qui est ravissant, c’est de voir avec quelle habileté on opéra le sauvetage. Depuis Rouvier, jamais rien n’avait été si complètement réussi. Des l’aube, Arthur Meyer, Blowitz, le médecin juif Lowe tiennent conseil rue Christophe-Colomb. Heilbronn proteste. Carvalho, connaisseur en ces questions, car il passe pour profès en l’ordre des Coteaux, déclare que rien ne grise comme l’eau de fleur d’oranger. Lowe affirme que c’est le phosphore qui a ainsi allumé la malheureuse.

Quelques mois après, la divette se représentait de nouveau devant le public. Jadis, ces rentrées-là s’opéraient gentiment, à la bonne enfant. Sans tomber dans les exagérations actuelles, on admettait que certains égards étaient dus aux spectateurs. Comme cela se pratique encore en province, l’acteur ou l’actrice en faute était obligé de faire des excuses. Généralement, Frederick trouvait encore là l’occasion de se livrer à quelque fantaisie énorme. Parfois le tumulte recommençait ; puis tout se terminait par un tonnerre d’applaudissements devant quelque beau geste dans lequel notre grand public français d’alors avait reconnu un maitre de l’art. D’autres, comme Déjazet, commençaient, disaient : « Mesdames et Messieurs, » et ne finissaient pas… Au premier sourire de la Parisienne, aux premiers accents de cette voix si chantante et si frêle, le public avait retrouvé Frétillon et lui envoyait son pardon dans des battements de mains.

Cela ne pouvait pas se passer ainsi pour une protégée de M. de Rothschild. C’était le public qui devait faire des excuses. Il en fit : Carvalho se permit d’interdire a la foule l’accès d’un théâtre qui ne vivait que de la subvention de l’État, c’est-à-dire de l’argent de tous. Toutes les Américaines de Paris envahirent la salle avec leur bruit de caca-