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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/263

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Quand la statue est enfin terminée, après des appels de fonds incessants, les Américains déclarent qu’ils n’en veulent à aucun prix, qu’ils ne donneront pas cinquante centimes pour le piédestal. Le Congrès refuse de voter la moindre somme. Dans un pays où l’on réunit un million de dollars en quelques heures pour n’importe quelle souscription, les particuliers haussent les épaules quand on leur propose de souscrire.

Le cœur ne se serre-t-il pas lorsqu’on pense qu’il suffit de quelques agités pour réduire notre France à ce rôle de pauvre chien qui court porter ses caresses à tout le monde et que tout le monde repousse à coups de pied ?

Sans les Gambetta, les Waddington, les Spuller ; sans tous les étrangers qui nous ont fourré dans les complications oû l’on intrigue, comme leurs journalistes nous ont fourré dans les souscriptions où l’on tripote, qu’il eût été magnifique encore une fois le rôle de notre chère Patrie ! Avoir émancipé l’Amérique, avoir affranchi l’Italie, avoir combattu partout pour ce qui nous paraissait la justice et demeurer tranquille dans un recueillement de vaincu ! Au bout de dix ans de ce repos fier, on serait venu humblement nous demander de donner notre avis dans les conseils de l’Europe.

Avec un pareil public, les Juifs et les Juives du théâtre ne se gênent pas, ils se conduisent en pays conquis ; chacune de leur fantaisie devient un événement. Paris, au

    porte ! » Qui ne sa rappelle, dans l’Année terrible, là pièce intitulée Bancroft, et surtout le Message de Grant :

    … Ah ! sois maudit, malheureux qui mêlas
    Sur le fier pavillon qu’un vent des cieux secoue
    Aux gouttes de lumière une tache de boue !