Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/266

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avoir perdu, en effet, tout sens moral et tout bon sens pour admettre que, dans la hiérarchie sociale, le bouffon, dont la profession est de recevoir des coups de pied dans le derrière pour amuser la foule assemblée, soit l’égal d’un soldat qui expose sa vie pour son pays, d’un marin qui affronte la tempête, d’un médecin qui brave les épidémies. Sans doute l’histrionisme a régné dans toutes les civilisations corrompues. Athènes asservie donnait à Polus un talent par jour. AEsopus et Roscius furent gorgés d’or. Deux mimes, Pylade et Bathyle remplirent de leurs querelles la Rome du bas Empire. Paris, que Caligula fit battre de verges pour avoir hésité à déclarer que l’Empereur chantait mieux que Jupiter, eut un peu les allures d’un sociétaire de la Comédie-Française actuelle.

En ses hontes même, le peuple romain garda néanmoins un certain respect de la dignité humaine ; il mit son amour du plaisir au-dessus de tout, il témoigna qu’il voulait s’amuser à tout prix et qu’il oubliait tout pour arriver à ce but, mais il ne déclara jamais qu’un homme de joie était l’égal d’un homme de devoir et de sacrifice. Sénèque, qui fut un voluptueux, Pétrone, qui fut un débauché, auraient brisé leur stylet plutôt que d’écrire les tirades pompeuses que les journalistes de la presse juive consacrent chaque jour à « l’honnêteté, à la noblesse de la profession d’histrion. »

Si l’Empire, grâce à Fould, donna pour la première fois la croix à un comédien, Isidore Samson, parce qu’il était d’origine juive, il le fit encore avec des réserves formelles ; il décora le professeur du Conservatoire et l’auteur dramatique à la condition expresse que l’acteur ne reparaîtrait plus sur les planches.

Avec leur parti pris d’avilir l’armée, les républicains de-