Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/268

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de riz et d’oppoponax. Vous voyez ce vieux maquillé délayant son rouge en pleurant sur les favoris de Ferry, et le général Pittié au milieu de cette scène, disant : « C’est égal, quelle leçon pour M. de Moltke ! »

« Bien entendu, dans la salle. M. Bischoffsheim rayonnait d’avoir, en astronome qui aime le Progrès, découvert l’étoile des braves sur la poitrine d’un sociétaire de la Comédie-Française. »

Dans les classes supérieures, l’histrionisme a un caractère tout à fait romain.

Au cirque Molier, des jeunes gens élégants, habillés en clowns, donnent chaque année deux représentations : une pour les femmes du monde, une pour les femmes de tout le monde. Les invitations sont avidement recherchées, et les Françaises sont là, regardant leurs fils ou leurs frères exécutant des rétablissements sur la barre fixe, dansant sur la corde, passant à travers les cerceaux. Ces acteurs vêtus de maillots couleur tendre, couverts de paillettes, chargés d’oripeaux, grimaçant, gambadant, marchant sur les mains, s’appellent le comte de Nyon, le comte de Pully, comte Bernard de Gontaut, comte de Maulle, de Beauregard, de Quélen[1]. Le comte Hubert de la Rochefoucauld, vêtu d’une tunique de soie bleue, avec une écharpe à glands d’or, crie : miousic ! à l’orchestre, avec l’intonation des clowns.

Il y a un véritable cas pathologique, je le répète, dans ce besoin de se ravaler, de se déshonorer soi-même, mais cela ne choque personne. Les journaux, qui défendent la société, insèrent gravement le programme entre une tirade

  1. Figaro, 6 mai 1883.