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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/269

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contre les vices du peuple et l’annonce d’un sermon, insistent sur les numéros, expliquent longuement la généalogie des familles[1].

Le plus fort en ce genre est la représentation du Cercle de la rue Royale, où le duc de Morny parut habillé en femme et dansa un pas du ballet d’Excelsior. Ca fut un ravissement. Les journaux discutèrent pendant toute une semaine pour savoir si le duc avait bien fait de couper ses moustaches. Le Gaulois fut très affirmatif : « Il a eu raison, dit-il, c’est très crâne ! » Le Figaro, plus réservé, déclara qu’il y avait du pour et du contre.

Pas plus qu’au Théâtre-Français, pas un vieillard représentant du vieil honneur, pas une femme ayant quelque sentiment de dignité au cœur, n’eut l’idée de se lever, de protester, de siffler devant le spectacle de cet homme déguisé en femme et dansant avec des gestes à double entente. Le Tout Paris n’eut pas la pudeur d’Athènes qui permettait aux esclaves seuls de danser la danse obscène : le Mothon.

N’est-il pas curieux, dans ce perpétuel recommencement de l’histoire, dans l’incessant frétillement de ce serpent qui se mord la queue, de constater que la décadence se traduit toujours sous des formes identiques, de

  1. N’oublions pas un joli trait de mœurs. Dans un journal qui lui appartient, le Voltaire, M. Albert Ménier avait chargé un des rédacteurs de flétrir ces grands seigneurs qui déshonoraient leurs ancêtres en s’affublant des oripaux du clown. Quelques mois après, il fondait lui-même un cirque à Neuilly, le Cirque Alberti, et conviait tout Paris à venir le regarder faire la voltige. Ce trait de Bourgeois-Gentilhomme moderne, de Bourgeois-Gentilhomme républicain, n’est-il pas exquis ? Ne prouve-t-il pas une fois de plus quels exemples utiles auraient pu donner les derniers survivants de l’aristocratie, s’ils avaient aimé autre chose que le cabotinage, le jeu et les filles ?