Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/276

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et de rêverie raffinée, se redressent à un mot, à une nouvelle qu’on peut utiliser, âpres au gain, lucides et éveillés pour leurs intérêts.

Tout à l’heure, l’appartement plein de fleurs aux parfums entêtants semblait comme un tombeau que ces détachés de la vie s’étaient préparé pour s’y éteindre dans une extase harmonieuse ; mais le Judische, le patois hébreo-germain, dans lequel on discute le bénéfice à réaliser, a vite fait taire le piano où meurt la plaintive mélodie de Schümann ; la voix qui, une minute auparavant, était une caresse, un murmure de harpe éolienne, reprend comme par enchantement le sifflement guttural.

Chez les natures qui s’observent le plus, cet instinct est presque irrésistible. La vieille baronne James était une femme supérieure qui contribua beaucoup par son tact a assurer aux Rothschild la situation mondaine qu’ils ont aujourd’hui. Un jour, c’était chez la duchesse de Galliera ; je crois, elle se trouvait au milieu d’une assemblée d’élite ; la conversation avait roulé sur les sujets les plus élevés et la baronne y avait tenu sa place. On vint par hasard à parler de diamants. Soudain la Juive de Francfort reparait « Vous n’y entendez rien ! » s’écrie-t-elle, et la voilà qui s’anime, qui passe en revue les diamants de tout Paris, indique le poids, l’éclat, le nombre des carats, la valeur vénale. Ce n’est que devant le silence qui s’est fait qu’elle rentre en possession d’elle-même et demeure quelques minutes comme honteuse de ce retour au métier primitif.

L’œuvre la plus remarquable dans ce genre reste le Baron Vampire de M. Guy de Charnacé[1]. Si l’auteur

  1. Un mot suffira à caractériser la différence qui sépare le Baron Vampire des Monach. Ollendorff avait demandé un roman à Charnacé