Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/292

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À ces causes d’infériorité il faut ajouter la concurrence déloyale qui se donne pleine carrière, grâce au mépris des gouvernements étrangers pour le nôtre. On contrefait nos marques de fabrique et on les appose sur des produits qui n’ont rien de français.

Quelle autorité voulez-vous qu’aient pour se plaindre des représentants comme ceux qui ont envahi notre diplomatie ? A Vienne, vous avez Foucher de Careil, ancien candidat officiel de l’Empire, devenu opportuniste servile, qui a jadis dépouillé un pauvre privat docent de ses travaux de vingt ans sur Leibnitz, pour mettre sur l’œuvre d’autrui sa marque de fabrique à lui. On envoie, comme consul général à Panana, pour l’aider à se refaire aux dépens des actionnaires du canal, le député Lavieille, qui vient d’être flétri par les tribunaux pour ses indélicatesses financières. En Égypte, vous aviez Barrère, ailleurs un ambassadeur dont la nièce a été condamnée à six mois de prison, à Marseille, pour avoir commis d’innombrables escroqueries en se faisant passer pour l’archiduchesse d’Autriche ; à Rome, vous avez Gérard.

Après la guerre, quand l’impératrice Augusta demanda un lecteur français, on lui déclara qu’il serait impossible de trouver un Français assez vil pour aller remplir un tel emploi à Berlin. Gérard s’offrit, et moitié valet, moitié lecteur, puni quand il était en retard d’un quart d’heure, il accepta cet horrible métier de sourire à tous les sarcasmes qu’on lançait contre sa Patrie mutilée dans ce palais qui retentissait, du matin au soir, des cris de joie bruyants des vainqueurs, Gambetta, toujours en quête d’hommes assez dépourvus de dignité pour qu’on pût tout leur demander, prit Gérard dans la domesticité d’une souveraine allemande pour en faire un serviteur de la République.