Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/291

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Si vous eussiez pénétré autrefois, dans quelque intérieur d’ouvrier, vous y eussiez trouvé ces images de corporation payées par les soins des syndics et des jurés en exercice et qui représentaient les saints protecteurs de chaque corps d’état. Tandis que des dessins plus ou moins nombreux rappelaient les principaux épisodes de la vie du saint, les détails de son martyre, d’autres représentaient les outils particuliers de la profession.

Ces gravures, qu’on distribuait à tous les membres d’une confrérie, constituaient comme un signe de ralliement commun dans les mêmes prières et dans la même foi. On les suspendait dans l’atelier et le saint, avec son nimbe éclatant, en ses vêtements parfois peinturlurés de couleurs criardes, regardait ainsi le maître et le compagnon, l’ouvrier qui déjà avait fait son chef-d’œuvre et l’apprenti encore novice travailler de leur mieux.

Que verriez-vous aujourd’hui à la même place ? d’immondes caricatures qui représentent des prêtres ivres, des femmes retroussées, des scènes de crapuleuse débauche.

L’Eglise donnait aux ouvriers les saints du ciel pour camarades, la presse franc-maçonne et juive les assimile à des galériens.

Par une mystérieuse opération de l’esprit, cet état d’âme différent se traduit dans les créations matérielles. Le travail, exécuté sans, entrain par un homme dont l’imagination est salie par de vilaines lectures, attristée par la conviction que son sort ne diffère guère de celui des forçats, n’a plus la délicatesse de jadis, La main est devenue lourde à mesure que la pensée devenait basse et le gros mouvement pornographique et athée de ces dernières années, en enlevant à nos artisans tout idéal, leur a enlevé en même temps tout leur goût.