Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/296

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encore que l’estomac. Bacchus, qui a porté tant de noms dans l’antiquité, s’appelait Liber aussi souvent que Dyonisios, il libère, en effet, il délivre les déshérités des chaînes de la réalité, il délie les cœurs. Dans une halte de repos au cabaret, l’ouvrier organise le monde à sa façon entre deux tournées ; il voit accompli ce rêve d’un bonheur chimérique qui lui échappe toujours, il est en possession du seul idéal qu’on lui ait laissé. Comme le Centaure du Louvre, auquel le Génie de l’ivresse a lié les mains derrière le dos, le peuple est le prisonnier de l’alcoolisme.

Ce qui est terrible c’est que ce n’est ni du vin, ni de l’eau-de-vie que l’on vend au prolétaire, c’est un mélange sans nom, un poison véritable.

La Maçonnerie semble avoir perfectionné ou du moins modernisé certains de ses procédés. Autrefois, elle se servait beaucoup de l’aqua tofana qui a fait disparaître tant d’hommes hostiles aux révolutionnaires.

La pharmacie, écrit à ce sujet l’auteur de Juifs et Francs-Maçons, connaît un poison, qu’elle nomme aqua tofana, dont la composition est attribuée à une célèbre empoisonneuse italienne du nom de Tofana qui, à cause de ses crimes, fut étranglée en 1730. Ce poison est extrêmement subtil et ne laisse aucune trace. Celui des Francs-Maçons, qu’ils appellent aussi aqua tofana ou tophana, avec un léger changement d’orthographe, est bien plus dangereux et bien plus redoutable.

Ce tonique, dans la composition duquel entreraient, parait-il, de l’opium et des mouches cantharides, est aussi clair que l’eau la plus limpide et n’a aucun goût. Il attaque les parties nobles du corps et, selon la dose absorbée, il opère des effets divers, soit la mort instantanée, soit la mort à des intervalles plus ou moins éloignés ; il produit une maladie de langueur ou bien l’idiotisme ou bien encore sans coliques, ni douleurs, ni symptômes particuliers, il conduit à un état de faiblesse et de consomption tel que la science est impuissante et la mort inévitable. Ce serait, dit-on un