Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/307

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rés, le nombre des chiffonniers chiffonnant peut s’élever, à Paris, à cinquante mille. Chacun gagne, en moyenne, trois francs par jour, ou plutôt par nuit ; mais, en mettant les choses au plus bas, en fixant la moyenne à deux francs, on trouve que cinquante mille fois deux francs font cent mille francs par nuit. Cent mille francs par nuit font trois millions par mois et trente-six millions par an.

Trente-six millions étaient un joli denier pour des gens qui pensent que l’argent n’a pas d’odeur. Au premier abord on prétendit qu’une compagnie anglaise s’était offerte pour bénéficier de ces trente-six millions qui faisaient vivre quarante mille êtres humains. Le gouvernement indigné s’empressa de faire déclarer, par l’agence Havas, qu’il n’y avait pas une seule compagnie, mais plusieurs compagnies.

Sur l’affaire principale, on greffa la petite affaire des récipients. Une maison de la rue du 4 Septembre, dont la raison sociale cachait deux Juifs prussiens inonda Paris de prospectus pour annoncer aux habitants de la ville que ceux qui se fourniraient chez elle seraient désormais à l’abri des procès-verbaux qui allaient pleuvoir sur les simples mortels. Devant les protestations qui s’élevèrent on fit semblant d’ouvrir une instruction mais je ne vous étonnerai pas en vous disant qu’elle n’amena aucun résultat. La chose était pourtant claire… La circulaire disait :

Tout propriétaire qui pourra justifier de l’achat d’une boîte ménagère à notre maison ou succursale sera exempt de contravention.

Tout propriétaire, au contraire, qui ne pourra donner cette justification, encourra les conséquences de l’ordonnance préfectorale dès demain.

Ou les journaux avaient publié une pièce fausse ou les