Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/308

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négociants avaient fait, sans droit, une promesse qui constituait une manœuvre frauduleuse, ou des hauts employés de la ville s’étaient laissés corrompre. Dans les trois cas il fallait poursuivre.

On s’arrêta car on eût été forcé de mettre en cause Alphand, un Juif d’origine encore (Alphanderry, Halphen) pour lequel le Conseil municipal a des tendresses que l’on comprend[1].

La gauche, d’ailleurs, pénétrée d’admiration pour ce Poubelle qu’un dépouillement de scrutin resté fameux devait immortaliser plus tard, n’eut pas une parole de pitié pour les malheureux chiffonniers. Ce fut le duc de la Rochefoucauld-Bisaccia qui s’honora infiniment en prenant en mains la cause des infortunés qu’on condamnait à mourir de faim et en la défendant devant des républicains repus qui, supputant d’avance la part qu’on leur ferait dans l’affaire, riaient aux éclats tandis qu’il parlait.

Les jeunes résistèrent comme ils purent. Les vieux se

  1. Voyez le contraste de ces natures juives. Cet homme, qui a sa large part dans une mesure qui est un véritable assassinat, est plein de cœur pour les siens. La pensée qu’un arbre paisse gêner sa fille le met hors de lui. L’Intransigeant a raconté ce trait qui est caractéristique :
        « A l’angle de la place de la République et de la rue de Bond ;, sur le trottoir où se trouvait la Ruche, un arbre terminait la file qui commence au boulevard Saint-Martin.
        Mme Kahn, fille de M. Alphand, habite au n°24 de la rue de Bondy. Comme l’arbre masquait la vue de la place, cette dame ne trouva rien de mieux que de prier son père, M. Alphand, de le faire enlever.
        « L’ordre en fut donné un samedi, et le dimanche matin cet ordre fut exécuté.
        La place de la République compte un arbre de moins ; sa régularité en est compromise ; mais la fille de M. Alphand a satisfait son caprice.
        « Citoyens, inclinez-vous et soldez la note. »