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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/31

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battre avec des chevaliers croisés[1]. C’est par un fait d’armes digne des temps héroïques, dans un combat singulier qu’il avait gagné la croix d’officier, en tuant de sa propre main, au milieu de ses partisans, l’agitateur Bou Barghla.

Quand un officier français transmit au Bach-Aga le décret de Crémieux, il cracha dessus et le retourna à l’envoyeur en disant simplement :

« Je n’obéirai jamais à un Juif ! ».

Cet homme qui avait toutes les générosités ne voulut pas attaquer la France aux prises avec l’Allemagne. Il attendit chevaleresquement que nous puissions disposer de toutes nos forces pour lutter. Ce fut alors qu’il renvoya sa décoration au général Augeraud et qu’en le remerciant courtoisement des égards qu’il lui avait témoignés, il lui adressa la déclaration de guerre qui se terminait par ces mots : « Si j’ai continué à servir la France, c’est parce qu’elle

  1. Il prétendait, on le sait, descendre d’un Montmorency qui, surpris par une tempête, se serait fixé en Algérie et, par plus d’un point la destinée de ce chef intrépide, victime des sentiments les plus élevés et poussé comme malgré lui à une révolte contre laquelle son cœur protestait secrètement, rappelle le sort tragique du vaincu de Castelnaudary.
        La presse juive, pour déshonorer Mokrani, a soutenu que c’était la situation embarrassée de ses affaires qui l’aurait poussé à la révolte. Rien n’est plus faux. Les dettes mêmes de Mokrani avaient l’origine la plus honorable. Lors de la terrible famine de 1867-1868, il avait, avec sa magnanimité habituelle, emprunté des sommes considérables pour donner du blé aux hommes de ses tribus. Le maréchal Mac-Mahon lui avait engagé sa parole que s’il n’était pas remboursé aux échéances par ses débiteurs, la France lui payerait ce qu’il avait avancé pour le service public sur les centimes additionnels des tribus. Le gouvernement de la Défense, qui gaspillait l’argent pour enrichir des fournisseurs comme Ferrand, refusa, naturellement, de faire honneur à l’engagement du Maréchal et l’on dit au Bach-Agba : « Tire-toi de là comme tu pourras. »