Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/30

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tions de jurés. « Alors seulement, dit l’exposé des motifs du projet d’abrogation, ces populations, qui n’avaient pas été frappées de la déclaration du 24 octobre, ont compris qu’elles pouvaient devenir justiciables des Israélites indigènes. Et si cette interprétation des faits était contestée on rappellerait que le Kalifa de la Medjana, Si Mokrani, en renvoyant la croix d’officier de la Légion d’honneur, a fait savoir qu’il aimerait mieux mourir les armes à la main que de tolérer l’affront fait à sa race, en plaçant les israélites au-dessus d’elle. L’attribution du droit de siéger, faite à ces derniers, est donc à la fois prématurée et dangereuse ; elle a été, au moins, une des causes de l’insurrection. »

En face du Juif oblique comme Crémieux, qui trahit le pays qui s’est confié à lui, il faut placer la noble et loyale figure de notre vaillant ennemi Sidi Mohamed Ben Ahmed el Mokrani.

Mokrani est la plus complète personnification de ces grands seigneurs arabes, tels que Fromentin s’est plu à nous les montrer sous les ciels aux tons fins qu’il peint si bien, à nous les raconter dans ses livres pleins de couleur. Passionnés pour les belles armes et les beaux chevaux, superbes sur leurs étriers dans les brillantes fantasias, graves et dignes au seuil de leurs tentes, en souhaitant la bienvenue à leurs hôtes, fastueux, quand ils traitaient nos officiers, ces chefs, après de longues résistances, avaient été fascinés et séduits par la bravoure de nos soldats ; ils étaient fiers de porter sur leur burnous la Légion d’honneur, cette fleur aujourd’hui flétrie, cet emblème désormais prostitué qui, jadis, signifiait courage, talent ou vertu. Ennemi terrible, ami sincère, Mokrani était digne de vivre au temps de Yousouf-ben-Ayoub-Salah-Eddyn et de com-