Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/333

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Maçonnerie et le catholicisme des gens du monde s’entendent assez bien dans une aversion commune pour les humbles. Supposez qu’un malheureux porion, passant sa vie au fond des mines, un pauvre hère de mécanicien ou de garde-frein, toujours noir de charbon ou sali de cambouis, se laisse aller à paraître dans une réunion publique, à figurer dans un mouvement ayant pour but de transformer la société[1]. Les actionnaires conservateurs trouveront tout naturel qu’on l’expulse, qu’on lui enlève son pain, qu’on mette sur son livret un signe destiné à faire reconnaître partout ce révolté. Nul d’entre eux ne suivra le conseil qui revient si fréquemment dans l’Imitation : « Soyez intérieurs ! » Nul ne s’interrogera ne se dira : « A la place de cet homme, ne penserais-je pas comme lui ? » Cousin était à la tête d’une association que Notre Saint--

  1. L’interdiction faite aux agents des Compagnies d’accepter aucune fonction élective est formelle. On se rappelle les circulaires publiées à ce sujet au mois de juillet 1884, par M. Mantion, directeur de la Compagnie de Lyon-Méditerranée, et par M. Nublemaire, directeur de la Compagnie d’Orléans.
        La circulaire de M. Mantion est ainsi conçue :
        « A la suite de divers accidents, j’ai été amené à décider, d’une manière générale, qu’il convenait d’inviter nos agents à ne plus accepter de fonctions électives et à renoncer sans délait à celles qu’ils auraient acceptées. Je vous invite à prendre les mesures nécessaires pour assurer l’exécution de ces Instructions.
    « 16 juillet.
    « Le directeur de la Compagnie :
    « Signé : Mantion. »


        Cela, bien entendu, ne s’adresse qu’aux faibles. Si M. Noblemaire eut été un homme de droiture et d’honnêteté, il aurait, avant de publier sa circulaire, commencé par révoquer le cumulard républicain Emile Roger, conseiller général du canton de Montignac, député de la première circonscription de Sarlat et chef du contentieux de la Compagnie d’Orléans. En voilà encore un qui a dû se sentir indépendant dans le vote des conventions !