Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/344

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Dans une réponse indignée, adressée au Français qui avait reproduit cette circulaire, Tirard protesta avec indignation et déclara qu’il était complètement étranger à cette affaire et qu’il n’en avait jamais entendu parler.

Les journaux de toute nuance partagèrent l’indignation de Tirard, et approuvèrent d’avance les mesures qu’il allait prendre contre les financiers assez osés pour se servir ainsi du nom, non seulement d’un homme, d’un député, mais d’un ministre de la République. Il est incontestable, en effet, que les lois n’auraient pas assez de sévérités pour moi, si je me permettais d’affirmer sur un prospectus distribué à des milliers d’exemplaires, que M. Brisson ou M. Clémenceau sont présidents de sociétés, dont le litre même leur est inconnu.

Chose bizarre, Tirard ne bougea pas plus que s’il avait été pétrifié. On commençait à trouver que cette âme d’Excellence était vraiment trop excellente, lorsque le pot aux roses découvert exhala un parfum qui ne ressemblait pas précisément à ceux de l’Arabie.

Quand le banquier eut levé le pied, en emportant ce qui restait du fonds social, les actionnaires apprirent avec stupéfaction que la mine n’avait jamais contenu une parcelle d’or. Un ingénieur, envoyé pour faire une enquête, avait très franchement constaté cette absence absolue de tout minerai. Au lieu d’annoncer loyalement ce résultat, les administrateurs, comme le raconte le Parlement, avaient caché le rapport et fait porter le capital social a 15 millions par l’émission de dix mille actions nouvelles.

Tirard croyait-il, en agissant ainsi, imiter, lui aussi, Osiris, en faisant des trous à la lune ? Prétendait il venger la mort d’Hiram ? Nous l’ignorons. Toujours est-il que lorsqu’on célébra la fête du solstice d’été, on ne se contenta pas,