Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/348

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M. Ducher, conseiller général, eut l’oraison funèbre presque aussi éloquente :

Messieurs,

Il m’a paru que nous ne pouvions pas laisser la terre se refermer sur l’homme de bien que nous accompagnons aujourd’hui au seuil du néant, sans qu’une voix se fit entendre sur sa tombe au nom du Conseil général de l’Ain, où M. François Guillot tenait une si digne et si large place.

Permettez-moi donc, Messieurs, a moi, le plus humble entre tous, de redire à la population éplorée de cette ville que si la perte qu’elle fait en ce jour est immense autant que difficile, j’allais presque dire impossible à réparer, vous n’êtes pas, loin de là, seuls à la ressentir.

Dans les endroits les plus reculés de l’arrondissement de Trévoux, et je puis dire dans tout le département, la nouvelle de la mort de Guillot a eu un douloureux retentissement. Ah ! c’est que notre collègue, notre ami, M. Guillot, n’était pas seulement un citoyen éclairé, intègre et dévoué ; il n’était pas seulement un père de famille, bon, aimé et respecté des siens ; il n’était pas seulement le premier magistrat d’une cité qui conserve précieusement le souvenir des bienfaits de son administration.

M. Guillot, et je suis heureux de le rappeler, était le conseiller, le protecteur, l’ami de tous, du petit comme du grand, du pauvre comme du riche ; son action bienfaisante et généreuse ne connaissait pas de limites ; elle s’étendait non-seulement sur sa ville d’adoption, sur son canton, sur l’arrondissement de Trévoux tout entier, mais encore sur ceux qui, de tous les points du département venaient auprès de lui, sûrs d’y trouver un accueil bienveillant, un appui désintéressé.

Je ne puis mieux terminer ces quelques paroles, Messieurs, qu’en rappelant l’éloge si mérité qu’en fit M. le Préfet, un jour que nous le regardions avec tristesse se retirer haletant, épuise par la fatigue et par la maladie, au milieu d’une séance qui devait être la dernièie pour lui :

« Si le soldat qui va mourir sur le champ de bataille, disait M. Stehelin, est digne d’admiration, nous ne devons pas moins