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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/351

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Ce qui est inouï, en effet, c’est l’impunité dont jouissait Guillot, l’appui constant qu’il trouva, grâce à la Maçonnerie, dans le monde officiel parfaitement au courant de sa situation.

Guillot, cependant, n’était qu’un enfant à côté de Bellamy. Protestant et Franc-Maçon, chef du parti opportuniste dans le Finistère, conseiller général, maire de Brest, chevalier de la Légion d’honneur, Bellamy est un type complet, presque une figure. Gambetta, qui allait à l’improbité comme le fer va à l’aimant, en fit son ami et, pendant de longues années, Bellamy fut, comme Guillot, le grand électeur du département.

Même quand il fut impossible de dissimuler ses détournements, les députés républicains le protégèrent longtemps contre toutes les poursuites.

Le nombre des abus de confiance et des vols de Bellamy est incroyable, et le chiffre avoué des détournements, 800,000 francs, est, manifestement, au-dessous de la vérité. Bellamy semblait avoir une préférence pour le vol aux pauvres, qui est une spécialité républicaine. Un vieux matelot, Canu, avait amassé un petit pécule qui était une fortune pour lui : 11,000 francs ; Bellamy vole cet argent et déclare qu’il l’a perdu. Une congrégation charitable, l’Adoration perpétuelle a l’idée, singulière d’ailleurs, de confier ses intérêts à Bellamy, il lui vole 13,000 francs ; aux mineurs de Graville, il se contente d’enlever 7,000 francs. Une dame Lefranc avait laissé à son cocher, nommé Mear, me rente viagère de 800 francs que Bellamy était chargé de servir. A cet effet, les héritiers Lefranc avaient déposé chez lui 32 obligations nominatives. A la mort du cocher, sa fille, loyale et honnète envoya immédiatement l’acte de décès ; mais le notaire républicain se garda bien de prévenir la