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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/37

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vient d’arriver, il lui donne son adresse[1]. Crémieux écrit à l’amiral pour lui demander un rendez-vous, mais avant de l’avoir vu il lui demande une permission. Laquelle ? C’est de lui dire qu’il est un homme admirable. Vous voyez d’ici le Juif moelleux, caressant, enveloppant.

Fourtou est circonvenu à son tour. On entend, sans y assister, la conversation du chef de la Juiverie cosmopolite, qui déniaise ce petit avocat de Ribérac devenu député influent, qui lui explique ce que c’est que la Haute Banque, qui survit à tout, qui distribue les places grassement rétribuées d’administrateurs de chemins de fer[2]. On aperçoit les yeux du Périgourdin qui s’allument. « Qu’est-ce que j’allais faire ? mon Dieu ? » s’écrie-t-il, et au lieu de presser la discussion du projet dont il est le rapporteur, il promet de la retarder.

Le décret d’abrogation avait été déposé par M. Lambrecht, ministre de l’intérieur, le 21 juillet 1871.

Chargé du rapport, M. de Fourtou avait été fort affirmatif et formel, il disait notamment : Rompre cet équilibre entre les Juifs et les Musulmans, appeler les Israélites à une place privilégiée dans la société algérienne, n’est-ce pas réveiller fatalement contre eux-mêmes des haines non

  1. « J’allais partir pour l’Algérie lorsqu’un heureux incident m’arrêta. J’appris que l’amiral de Gueydou arrivait. H. Bathélémy Saint-Hilaire m’écrivit : « Mon cher ami, l’amiral est arrivé hier soir, il demeure à Paris, 9, rue d’Aguesseau. Je lui ai déjà fait votre compliment sur les bureaux arabes et annoncé votre visite. »
  2. « M. de Fourtou fit un rapport dont les conclusions étaient plus mauvaises encore que la loi proposée. Mais la conversation que j’eus avec lui à Versailles se termina par des paroles généreuses et par la promesse qu’il me fit de ne pas presser la mise à l’ordre du jour de la discussion de ce projet que je redoutais à ce moment.