Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/36

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d’Allemagne, pour la défense d’un pays qui leur avait enlevé leur indépendance.

Vous connaissez mal les conservateurs catholiques ; ils sont habiles avant tout, ils n’osent déplaire à Rothschild, proclamer la vérité, montrer les choses telles qu’elles sont. Ils souriaient déjà d’un air malin dès cette époque, et semblaient dire : « Laissez-nous faire ! » Encouragés par le succès de leur habileté, ils sourient encore aujourd’hui et, différents des braves gens d’autrefois qui sont morts en affirmant leur opinion, ils souriront encore d’un air de plus en plus malin sur la charrette qui les emmènera au supplice. « Le fin sourire » d’un politique conservateur ! Quel poème !

Le vrai malin c’est Crémieux ; c’est plaisir que de l’entendre expliquer à ses frères de l’Alliance israélite, dans la séance du 12 mai 1872, comment il s’y est pris pour empêcher le décret d’être rapporté ; il semble qu’on l’écoute marcher avec « ces chaussures de liège » dont parle Saint-Simon. Des planches, c’est ainsi qu’on appelle des lettres dans le jargon maçonnique[1], s’échangent activement. Au moment où Crémieux s’apprête à partir pour l’Algérie, Barthélemy Saint-Hilaire le prévient que l’amiral de Gueydon

  1. En argot maçonnique, un travail s’appelle une architecture, une pièce de monnaie une brique, une plume un crayon, une chanson un cantique, un procès-verbal une colonne. En terme de table la nappe est une voile ou un grand drapeau, les serviettes sont des drapeaux, les assiettes des tuiles ou des platines, les fourchettes des pioches ou des tridents, les bouteilles des barriques, les couteaux des glaives, les verres des canons, Manger c’est mastiquer, boire c’est tirer une canonnée.