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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/392

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tes les mêmes tortures dont Notre-Seigneur avait été entouré, et, le Vendredi-Saint, ils le pendirent à une corde en haine de Notre-Seigneur et ensuite le brûlèrent. Il fait de merveilleux miracles et on l’appelle saint Guillaume. »

Mais c’est Chaucer peut-être qui est le plus intéressant à consulter sur ce point. Le poète du XVe siècle, qui repose à Westminster et sur la tombe duquel on a gravé quelques jolis vers de la Fleur et de la Feuille, fut le peintre exact des mœurs de son temps. Les Contes de Canterbury (The Canterbury tales) sont une sorte de Décaméron auquel sert de prétexte et de cadre le pèlerinage, ce pèlerinage aux reliques de saint Thomas Becket, qui joua un si grand rôle dans la vie anglaise d’autrefois et qui attirait, chaque année, vers le célèbre sanctuaire, des centaines de milliers de voyageurs non point d’Angleterre seulement, mais des plus lointains pays[1].

Réunis par hasard, des pèlerins de toutes les conditions : un homme de loi, un seigneur campagnard, un capitaine de navire, un riche marchand, un médecin, une commère de Bath, « veuve de cinq maris sans plus, » une supérieure de couvent, conviennent pour charmer l’ennui du chemin

  1. Voir pour Chaucer l’ouvrage de Taîne et surtout l’Histoire de la littérature anglaise de Filon. Filon s’est attaché à ce pays où il avait été le précepteur ou plutôt le compagnon d’exil et l’ami d’un jeune prince héroïque ; il vit comme un sage avec ses souvenirs et ses livres dans son cottage de Margate, et c’est là qu’il a écrit sur les écrivains anglais ce volume plein de fins aperçus et d’observations pénétrantes.
        Ajoutons que Chaucer, qui est un railleur à la façon de Rabelais, n’a pas épargné les moines. Ce Récit de la Prieure n’a donc aucun caractère fanatique ; il ne fait que constater une certitude qui était dans tous les esprits sur les assassinats d’enfants commis par les Juifs.