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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/394

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au Christ fit révérence. « For he no young to Crist dede reverence. »

Ce petit garçon, encore fort occupé de son abécédaire, entendait d’autres enfants chanter l’Alma Redemptoris qu’ils apprenaient dans leur antiphonaire et lui était assez audacieux pour s’approcher de plus en plus, écoutant constamment les paroles et les notes, jusqu’à ce qu’il sût le premier verset tout à fait par cœur.

Mais il ne comprenait rien à ce latin, tant il était jeune et tendre d’âge. « For he so young and tender was of age. »

Il priait son camarade de lui expliquer ce chant en son langage, et de lui dire pourquoi ce chant était en usage. Ainsi le priait-il, et bien souvent sur ses genoux tout nus, de le lui expliquer et éclaircir.

Son compagnon, un peu plus âgé que lui, répondait ainsi : « Ce chant, m’a-t-on dit, a été fait en l’honneur de notre bienheureuse Dame pour la saluer, et aussi pour la prier d’être notre secours et notre assistance quand nous mourrons. Je ne puis pas t’en dire plus long en cette matière ; car j’apprends le chant, mais je ne sais que fort peu de grammaire. »

Et ce chant a été fait en l’honneur de la Mère du Christ ? disait cet innocent. Oui ! certes, je vais faire grande diligence pour le savoir tout entier, avant la Christmas. Dussé-je être disgracié pour mon abécédaire, et battu trois fois en une heure, je veux le savoir, « I wol it conne, our lady for to honoure. »

Son camarade le lui apprit en particulier, quand ils rentraient à la maison, et cela tous les jours, jusqu’à ce qu’il le sût par cœur.