Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/396

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vierges marchent devant lui, en chantant un cantique toujours nouveau.

Et la pauvre veuve attendit toute la nuit son petit chéri, et il ne vint pas. Aussi dès qu’il fit jour, le visage tout pâle de peur et de pensées anxieuses, elle s’en alla le chercher à l’école et ailleurs, jusqu’à ce qu’enfin elle découvrit à force de recherches, que c’était dans le quartier des Juifs qu’on l’avait vu en dernier lieu.

Le cœur rempli d’une maternelle pitié, elle s’en va, à moitié hors d’elle-même, de place en place, partout où elle pouvait supposer trouver son petit enfant. Et sans cesse elle criait vers la Mère du Christ douce et bénigne, et elle alla enfin tout droit le chercher parmi les Juifs maudits.

Elle priait, et suppliait piteusement tous les Juifs qu’elle rencontrait de lui dire si par hasard son fils avait passé là. Ils disaient : non ; mais Jésus, par sa grâce, lui mit en pensée de pousser des cris vers son fils à l’endroit même où on l’avait jeté dans la fosse.

O grand Dieu, qui tires ta louange de la bouche des innocents, telle est donc ta puissance ! Cette perle de chasteté, cette émeraude, bien plus ce brillant rubis du martyre, gisait là, la gorge coupée, et il se mit à chanter Alma Redemptoris mater si haut, que toute la place en retentit.

Le peuple chrétien, qui passait dans la rue, entra pour admirer ce prodige, et en toute hâte on envoya chercher le prévôt. Il arriva aussitôt et sans tarder, et loua le Christ qui est le roi du Ciel, et puis sa Mère, honneur de l’humanité, puis il fit lier les Juifs.

Avec de profondes lamentations, on retira l’enfant qui chantait toujours son chant ; et, avec honneur et grande procession, on le transporta à l’abbaye voisine. Sa mère gisait évanouie près de la bière ; et c’est à peine si les gens