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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/434

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autant que moral ; il se traduit même par les traits du visage.

L’auteur de Zampa apparaît dans ses portraits un peu mélancolique, mais point méchant.

Avec ses lunettes d’or et le bas de sa figure, qui est vipérin comme celui du fils, le préfet, il a bien l’air d’un changeur d’or de Francfort, mais une impression de rêverie souffreteuse et de tristesse tempère l’ensemble et prête même un charme voilé à ces yeux rusés. On ressent particulièrement cette sensation devant la belle lithographie de L. Dupré (L. Dupré à son ami Hérold), qui représente le musicien entouré de ses partitions et posant la main droite sur les touches d’un clavecin. Cæcilie Brand a particulièrement accusé le côté allemand.

Qui ne connaît la repoussante figure d’Hérold, avec ses yeux chassieux striés de filaments sanglants, ses os maxillaires énormes, sa bouche contractée par un rictus effroyable ? Après le mélodiste facile et gracieux que l’atmosphère parisienne avait encore assoupli et humanisé, la nature fait renaître tout à coup, du fond de l’Allemagne, un Juif d’autrefois, un de ces Juifs comme on en voit dans les vieilles images, toujours inquiets, toujours tremblant d’être pris et pendus entre deux chiens, toujours cherchant quelque petit enfant à égorger dans une cérémonie sacrilège.

Si l’examen attentif et serré de ces types est souvent pénible, pour nous autres écrivains, il faut le considérer comme une manière de rançon payée pour les joies intellectuelles si élevées et si pures que nous éprouvons à un si haut degré en pénétrant par l’analyse dans l’intimité d’esprits d’élite comme les Vauvenargue, les Joubert, les Ché-