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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/436

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qui joua un si triste rôle pendant la Révolution. Il publié lui-même chez Calmann Lévy, sous ce titre : Journal d’une bourgeoise pendant la Révolution, les impressions de sa grand’mère dont il a eu la pudeur, du reste, de ne donner que les initiales. En ceci il a eu raison car on ne peut rien imaginer de plus odieux que ce Journal.

C’est une vraie lécheuse de guillotine que cette Philaminte bourgeoise. On devine une âme gonflée de rancune et d’envie, à la façon dont cette mégère applaudit à tous les crimes, au massacre de vieillards dans les prisons, aux exécutions populaires. Laide sans doute et mal élevée, elle hait d’une haine de servante cette reine qui fut la triomphante de Versailles par l’élégance et le charme plus que par le rang. Elle est fermée à tout sentiment généreux ; elle prélude aux ignominies d’Hébert ; elle insulte cette mère qui est au Temple, cette chrétienne sublime qui, prête à monter à l’échafaud, employait ses derniers instants, dans le cachot de la Conciergerie, à recommander le pardon aux siens ; elle l’appelle Médicis, elle prétend que devant ses gardes elle faisait réciter à son fils des vers qui se terminaient ainsi :

 
Et d’un peuple rebelle abhorrant la noirceur,
Il faut, mon fils, apprendre à lui percer le cœur[1].

    dont nous avons déjà parlé à propos de la Commune, l’abbé Ravailhe. Le digne prêtre s’efforça d’apprendre du moins à l’enfant à connaître et à bénir le nom de son Créateur. Le terrain, hélas ! était ingrat, et Lockroy profita peu de cet enseignement qui aurait pu le préserver de tant d’écarts.

  1. Journal d’une bourgeoise de Paris pendant la Révolution (page 181).
        « Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père que je lui repète : qu’il ne cherche jamais à venger notre mort. » (Testament de Marie-Antoinette.)