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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/480

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mateur n’a déshonoré le barreau français, qui compte cependant de beaux spécimens dans ce genre.

Attendez qu’il ait fini de s’indigner et vous le verrez se précipiter, la toque levée, pour serrer la main à Me Cléry qui, dans le procès de Marais, a accusé, sans l’ombre d’une preuve, une comédienne d’avoir donné la mort à sa compagne en jetant sur elle un seau d’eau glacée dans un moment critique.

Un peu plus loin, il saluera Me Cresson, un ancien préfet de police, un membre du conseil de l’ordre. Celui-ci, dans le procès intenté à Mme Edmond Adam par son beau-frère, ne s’est pas contenté de prendre ce qui, dans la vie de la femme de lettres, peut sembler ridicule : les livres, les ambassades, les réceptions ; il a été regarder dans le pot de nuit des diabétiques et il a raconté au tribunal ce qu’il avait vu ; il a parlé « du délire de Vénus adultère à sa proie attachée[1] ; » il a publiquement et solennellement affirmé contre Mme Adam des faits aussi calomnieux probablement que ceux articulés contre Mme Hugues[2].

La bête immonde, pour tous ces démocrates, c’est le

  1. C’est ce que Me Le Berquier, dans son discourt à la conférence des stagiaires du 1er décembre 1884, appelle « plaider les causes les plus enflammées, sans dépasser la ligne qui sépare le droit de la licence, la discution nécessaire des agressions blessantes et stériles. » « Le barreau, ajoute-t-il, est courtois et tient à honneur de garder à la barre cette altitude correcte d’hommes divisés d’opinion, et s’expliquant sur toutes chose avec une modération qui n’ôte rien à la sincérité, ni même a la vivacitè de leurs convictions. »
        Le Berquier lui-même ne s’est pas gêné pour diffamer Alphonse Daudet en donnant un sens mensonger à des lettres toutes personelles écrites avec le laisser-aller de la vie littéraire.
  2. Gazette des tribunaux du 16 novembre 1881.