Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/492

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Sur ce point l’historien de l’avenir fera bien de consulter les chroniques d’Ignotus.

C’est dans un volume spécial, consacré au mouvement littéraire de notre époque, que j’étudierai à fond cet écrivain qui est un des rares qui aient appris leur nom à la foule depuis 1870. Beaucoup ne l’aiment pas ; d’autres exagèrent sa valeur ; je trouve, quant à moi, qu’il est impossible de lui contester un don très réel d’exprimer dans une langue personnelle des pensées parfois très originales et très hautes. On peut lui appliquer la définition de l’artiste par Varnhayen : « Un artiste est celui dont les idées se font images. »

J’avoue n’être pas toujours enthousiaste des portraits. Je ne parle point du portrait de Rothschild, il n’est pas digne de l’écrivain et l’auteur semble en avoir rougi puisqu’il n’a donné aucune publicité au volume dans lequel il figurait. Alphonse, parait-il, en fut écœuré lui-même, « Tenez, ma chère, aurait-il dit à la baronne en montrant un journal juif dans lequel les catholiques étaient traînés dans la boue, voilà comment nous les fouaillons… et voilà comme ils nous lèchent, » aurait-il ajouté, en jetant à terre l’article d’Ignotus.

Jamais l’adulation pour le Juif n’a été poussée si loin. En ce siècle fécond en incroyables péripéties qui vit un fils de la Fortune être sacré à Notre-Dame onze ans après l’exécution d’un descendant de saint Louis, où les empires et les trônes roulent emportés par des tempêtes soudaines comme des feuilles d’arbre par le vent d’automne, Ignotus prétend sans rire que le fondateur de la dynastie des Rothschild a assuré sa maison « même contre l’avenir. » Le beau billet à ordre qu’ont là les banquiers et la jolie prophétie que fera, mentir demain le premier capitaine un