Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/493

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peu brave, le premier chef d’insurgé de tempérament français qui, au lieu de s’attaquer bêtement à des couvents, viendra, la cigarette aux lèvres, mettre tranquillement en arrestation toute cette nichée de barons !

Pour être moins plats les autres portraits n’en sont pas toujours plus fidèles.

A mon avis, Ignotus, comme portraitiste, n’a pas assez l’amour de ce dessin que Ingres appelait « la probité de l’art. » Il ne se préoccupe pas assez de la sincérité des contours et de la vérité des lignes, il fait amusant et intéressant sans se soucier toujours de faire exact.

La raison de cette insuffisance relative est simple. Cet écrivain, qui a de si belles parties d’artiste et de poète, est badaud par certains points. S’il est parfois le fils attendri de cet Océan qui lui inspire de si originales comparaisons, il reste souvent l’habitant de la Loire-Inférieure en déplacement à Paris. Le badaud, qui est en lui, paralyse et désarme l’observateur quand il s’agit de regarder dans le blanc des yeux ces contemporains qui mentent presque toujours, qui prennent des attitudes factices en désaccord avec leurs actes ; il le sert, au contraire, quand il s’agit de regarder la rue qu’on ne peut comprendre qu’en partageant an peu sa façon d’éprouver.

Ce qui restera de ce peintre-moderne qui, contrairement à ce qu’il s’imagine peut-être lui-même, sait mieux voir les hommes qu’un homme, la collectivité que l’individualité, ce sont ses études sociales, ses peintures de ce Paris nouveau, monstrueux, invraisemblable, ses dramatiques analyses de ce monde renversé où les gens de bien sont maintenant à la merci des criminels de tous les pays.

Réunissez ces travaux fragmentaires en un volume, joignez-y le livre de Maxime Du Camp, ajoutez-y le