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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/496

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disposition maladive hérédifaire chez l’enfant à porter son imagination sur certaines idées.

Parmi d’innombrables affaires de ce genre, dont le récit allongerait indéfiniment, ce livre je prends au hasard l’affaire de l’abbé Mulot.

L’abbé Mulot, curé de Saint-Leu, à Amiens, était un vénérable prêtre de 71 ans qui avait traversé la vie en faisant le bien. Pendant le choléra de 1866, il avait bravé cent fois la mort en prodiguant ses soins aux malades et les habitants du faubourg de Hem s’étaient cotisés pour lui offrir une couronne d’or à titre de souvenir.

Quand on demanda à un témoin, M. Hocquet, maire de la commune de Templeux-le-Guérard, où l’abbé Mulot avait été curé, quelle était alors sa réputation, il répondit simplement : « Si j’avais voulu amener ici quatre cents personnes de Templeux pour témoigner en faveur de M. l’abbé Mulot, elles seraient venues en masse. »

L’abbé Mulot avait du défendre les droits de l’Église contre la ville d’Amiens. Dauphin, le protecteur et l’ami d’Erlanger, et Goblet, qui vaut encore moins que lui, avaient été indignés d’une telle audace. Il fut résolu qu’on perdrait le pauvre prêtre, « qu’on monterait un coup » pour employer l’expression d’un des témoins. Une institutrice qui, avant d’appartenir à l’enseignement, avait fait partie d’un cirque ambulant, vint raconter que des enfants auraient reçu du curé ce qu’ils appelaient « des leçons naturalistes. »

Le procès eut lieu au mois de juin 1882. Robinet de Clery, chargé de la défense de l’accusé, fut magnifique, mais ne l’eût-il pas été que la cause de la vérité aurait triomphé quand même. Le président du tribunal était un honnête homme et un homme d’esprit. Après deux ou trois questions ; il sut, à quoi s’en tenir sur l’innocence des enfants