Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/499

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l’abbé Mulot serait certainement condamné à cinq ans de prison[1].

Ignotus voyait très juste lorsqu’il écrivait : {{interligne]] Que deviendra la sécurité de chacun, quand la magistrature appartiendra à des êtres déclassés ? Nous arriverons aux heures les plus sombres de la décadence romaine. Le nouveau magistrat sera l’instrument des vengeances ou des appétits particuliers. La foule sera maîtresse du prétoire. Déjà vous avez vu un curé, qui depuis a été acquitté — arrêté préventivement et mené en prison entre deux gendarmes… à pied, un jour de dimanche, à la sortie de la grand’messe. N’y avait-il point là pression de la foule sur des magistrats secondaires ?

Ce qui arrive aujourd’hui aux curés adviendra demain ou après-demain aux laïques.

Maintenant le jury est choisi par deux degrés différents d’examinateurs : 1° l’assemblée des maires ; 2° l’assemblée composée des conseillers généraux et présidée par le président du tribunal civil. Que sera-ce quand ce président sera un magistrat de dernière catégorie ?

Que sera-ce quand le parquet sera composé d’hommes méprisables ? quand le droit excessif d’arrêter préventivement un citoyen sera dans des mains vénales ? quand le prévenu pourra être mis au secret, selon la fantaisie de quelque juge d’instruc-

  1. Les Francs-Maçons bien inspirés attendirent la nouvelle loi sur la magistrature pour poursuivre Mgr Pillon. Ce bon prêtre était en même temps un être d’initiative et de mouvement ; il avait créé, on le sait, la Pantographie voltaïque qui, en appliquant l’électricité aux œuvres d’orfèvrerie, permet de donner à très bon marché des objets qui jadis coûtaient très cher et met ainsi les œuvres d’art à la portée de tous. Grâce à lui, le village d’Ercuis, où la misère jadis était générale, était devenu une petite Salente : logements pour les ouvriers, maisons d’école, maisons de retraite, hôpital, tout avait été improvisé par Mgr Pillon. Les maisons d’orfèvrerie juives avaient voué naturellement une haine implacable à ce prêtre plein de cœur et de dévouement ; elles firent nommer juge un homme que Mgr Pillon avait accusé autrefois de chantage et parvinrent à faire condamner ce bienfaiteur de tout un village.